8e journée française sur la maladie de Pompe | Institut Imagine | 30.3.2018

8e journée française sur la maladie de Pompe | Institut Imagine | 30.3.2018

30 mars 2018

Institut Imagine

24, boulevard de Montparnasse
75015 Paris

Sous l’égide des filières de santé maladies rares Filnemus et G2M

Partenaires : SFEIM, SFM

Associations des patients : VML, AFM, AFG, Sanofi Genzyme, Amicus Therapeutics

En savoir +

Le 30 mars 2018, près de 70 experts se sont réunis à l’Institut Imagine (Paris) pour la huitième édition de la Journée Française Maladie de Pompe.

I. Actualités sur la maladie de Pompe

Trois publications de cohortes

  • Cohorte italienne : 13 centres, 28 patients atteints d’une forme infantile de la maladie de Pompe, traités et suivis pendant 71 mois (soit près de 6 ans). 71% des patients sont CRIM+. L’âge moyen du diagnostic est de 3 mois. Le traitement a été instauré tout de suite après.
    La survie est supérieure à 2 ans dans 67% des cas, dont 4 patients CRIM-. Deux décès sont survenus (à 60 et 78 mois) par insuffisance respiratoire /pneumopathie. Les causes de décès évoluent : avant l’enzymothérapie substitutive (ERT), elles étaient cardiaques. Depuis, elles deviennent musculaires et surtout pulmonaires.
    31% des patients ne sont pas ventilés, les autres (69%) le sont, la moitié par trachéotomie. 25% des patients sont marchants, dont 28% sans perte de la fonction motrice à l’issue du suivi.
    100% des enfants ont des troubles du langage oral et/ou une dysphagie ; 32% une alimentation autonome ; la moitié a un cœur normal à 12 mois, 9 patients ont des troubles auditifs sur les 18 chez qui l’audition a été testée ; 28% ont développé des réactions à la perfusion.
    À noter : si l’on compare les résultats de différentes cohortes, la survie à 2 ans va de 56,5% à 72,7%, à l’exception d’une cohorte Taïwanaise où elle atteint 100% (dépistage néonatal et traitement immédiat). De même, la proportion de patients marchants à l’issue du suivi est d’environ 25%, sauf pour la cohorte Taïwanaise, où elle est de 100%.
  • Cohorte japonaise : 38 patients, dont 6 atteints d’une forme infantile de la maladie, suivis de 2008 à 2016. Pour ceux atteints d’une forme infantile, 67% sont sous ventilation, 80% sont marchants, et 100% en vie.
  • Cohorte autrichienne : rétrospective, elle comporte 25 patients, dont 4 atteints d’une forme infantile. Parmi ces derniers, les ¾ sont marchants, la moitié sont ventilés (l’un sous VNI, l’autre sous VI).

Dépistage néonatal de la maladie de Pompe

Ce thème a fait l’objet de 17 publications en 2017. Le diagnostic de la maladie de Pompe peut être méconnu ou retardé. Or le retard diagnostique se solde par une morbidité et une mortalité non négligeables. Le diagnostic néonatal permet d’instaurer un traitement pré-symptomatique, de meilleur pronostic.

Aux États-Unis, le ministère de la santé a approuvé l’inclusion de la maladie de Pompe dans les maladies qui font l’objet d’un dépistage néonatal.

Le gold standard actuel pour ce dépistage est le dosage sur goutte de sang séché sur papier type Guthrie. Ce premier test doit être confirmé en biologie moléculaire. Les pseudo-déficits en GAA sont très fréquents, surtout dans la population asiatique, sans atteinte clinique.

Une étude menée à Taïwan sur 10 patients diagnostiqués grâce au dépistage néonatal et traités, tous CRIM+, a montré que tous avaient une hypertrophie cardiaque à la naissance. À 63 mois, tous étaient marchants, aucun n’était ventilé, puis sont apparus des troubles du langage et un ptosis.

Le dépistage néonatal fait émerger une problématique : quid des formes tardives ? Certains patients resteront asymptomatiques longtemps. Dès lors qui traiter ? Et à quel moment

Devenir cognitif à long terme des formes infantiles traitées

Une étude américaine (Spiridigliozzi GA et al, Mol Genet Metab 2017) a inclus 11 patients (les enfants ventilés notamment ont été exclus), âgés de 5 ans 6 mois à 17 ans. Six patients sont scolarisés en milieu ordinaire, 3 avec auxiliaire de vie scolaire(AVS), 1 école à domicile, 3 vont à l’école et bénéficient en complément d’un soutien scolaire.

Les auteurs ont constaté une baisse progressive du QI jusqu’à la limite basse. En matière de compétences scolaires, il peut exister un trouble des apprentissages, plutôt qu’un vrai trouble cognitif. Les résultats sont moins bons que la moyenne sur la coordination visuelle et motrice. La surveillance est importante.

À noter qu’il est nécessaire d’utiliser les bons outils pour évaluer ces enfants, car ils ont souvent des troubles du langage.

Un nombre croissant de publications portent sur l’atteinte neurologique dans la forme infantile de la maladie, avec des anomalies de la substance blanche à l’imagerie. L’atteinte centrale (signes pyramidaux) et l’atteinte neurogène périphérique contribuent, avec l’atteinte musculaire, à l’atteinte de la marche.

Revue sur la présentation clinique de la forme adulte

Réalisée par l’équipe de Priya Kishnani, cette revue a compilé 231 articles parus sur la période 2006-2013.

  • Manifestations musculaires : l’atteinte clinique est peu spécifique, mais l’IRM met en évidence une atteinte des extenseurs du rachis, du  sous-scapulaire et des muscles de la cuisse. 80%des patients atteints d’une forme adulte de la maladie de Pompe ont une atteinte à la fois pelvienne, respiratoire et axiale (dont les muscles paravertébraux et abdominaux). L’atteinte concerne les extenseurs des hanches, les adducteurs plus que les abducteurs de hanche ; une atteinte scapulo-péronière avec respect du sartorius. Le décollement des omoplates est possible, mais rare. La marche est dandinante, avec hyperlordose lombaire.
  • Atteinte faciale et bulbaire : il existe souvent une atteinte prédominante et précoce de la langue, responsable de troubles masticatoires, de dysarthrie. La dysphagie oropharyngée n’est pas rare, mais rarement rapportée par les patients (à rechercher). Le ptosis est fréquent, l’ophtalmoplégie rare. Une cataracte et une atteinte rétinienne sont possibles, une exophtalmie aussi.
  • Rachis et os : des cas de rigid spine syndrom ont été décrits. Une ostéoporose se rencontre même chez les patients marchants. Le risque fracturaire est indépendant du génotype et du phénotype. La scoliose reste plus fréquente dans la forme infantile
  • Autres atteintes : l’atteinte du système nerveux comporte une accumulation de glycogène dans les cellules de Schwann. La surdité et l’atteinte vasculaire sont décrites. L’atteinte cardiaque, possible, peut se manifester par des troubles du rythme (surtout syndrome de WolffParkinsonWhite). Il peut exister des manifestations digestives et génito-urinaires ; des douleurs et de la fatigue également, qui ne sont pas corrélées au degré d’atteinte clinique et peuvent être confondues avec une fibromyalgie. Les troubles psychiques décrits sont plutôt liés avec le caractère chronique de la maladie de Pompe.

Atteintes vasculaires

Elles sont liées à l’accumulation de glycogène dans le muscle lisse des artères. Le système cérébro-vasculaire est touché chez environ 50% des patients adultes. Dans une étude menée à Nice, tous les patients sont restés asymptomatiques. Dans une étude italienne, menée chez 18 patients atteints de LOPD, dont 4 traités, 13 avaient des anomalies des artères intracérébrales (à type de dolichoectasie), tous asymptomatiques ; 7 patients sur 18 avaient des atteintes des artères carotides.

Maladie de Pompe et grossesse

La grossesse se passe bien, l’accouchement se fait plutôt sous rachianesthésie ; l’enzymothérapie est arrêté au premier trimestre de la grossesse et reprise après l’accouchement, dans tous les articles sauf un (Juana M. de Vries) qui rapporte le cas d’une patiente sous ventilation, chez qui l’enzymothérapie a été maintenue durant toute la grossesse, avec un accouchement par césarienne à 37 semaines.

Génétique

Dans un article (équipe PS Kishnani), la mutation intronique c.-32-13T>G est présente chez 68 à 90% des patients atteints de LOPD. Le diagnostic peut ne pas être fait par NGS, qui a ses limites pour l’analyse du gène GAA. Une autre équipe (Johnson Katherine, Orphanet Journal Rare Diseases) a au contraire utilisé le NGS (panel de 169 gènes) pour le diagnostic.

Cohorte allemande

L’analyse rétrospective (2005-2015) d’une cohorte de 69 patients, présentant les symptômes d’une myopathie des ceintures / hyperCKémie a permis le diagnostic d’une maladie de Pompe chez 2 d’entre eux.

Amélioration de l’enzymothérapie 

Le reveglucosidase alfa est une enzyme chimérique, pour accroître la pénétration du GAA dans le lysosome et augmenter l’élimination du glycogène. Lors d’une étude de phase ½, en ouvert, incluant 22 patients LOPD, elle a entrainé une amélioration, puis une stabilité.

Le duvoglustat est une protéine chaperonne qui augmente la stabilité et améliore les propriétés pharmacocinétiques du GAA, administré avant la perfusion de GAA. Un essai clinique de phase 2a, incluant 25 patients, a montré une augmentation de l’activité enzymatique GAA, de 1,2 à 2,8 selon la posologie

Une autre piste consiste à favoriser l’exocytose des molécules de glycogène du lysosome, avec plusieurs molécules évaluée, dont la calcimycine qui se montre efficace mais les vésicules des patients sont trop grosses pour être efficacement expulsées. Une dernière piste consiste à augmenter la trophicité musculaire (mTOR notamment).

Enzymothérapie et grossesse

La poursuite de l’ERT pendant la grossesse est à la discrétion du praticien, en cas d’aggravation de la maladie de Pompe, avec toujours le respect d’une fenêtre de 24 heures durant l’allaitement.

Rapport coût/ efficacité de l’enzymothérapie

Un article de Kanters et al (J of Rare Diseases) a comparé l’enzymothérapie avec soins support, versus soins support seuls. La durée de vie augmente de 1,9 à 5,4 ans avec l’enzymothérapie. La qualité de vie est multipliée par 2 à 4,3. Le coût se situe entre 1,4 et 1,8 M€ par année de vie gagnée sur la période de suivi, et de 3,9 M€ pour une survie à 15 ans.

Le registre au 1er février 2018

Créé en 2004 en partenariat avec Genzyme Sanofi, le registre français participe au registre international de la maladie de Pompe. Au premier février 2018, il comportait 202 patients dont 188 adultes (quasi exhaustivité) et 14 enfants, répartis dans 32 centres (64 patients en Ile-de-France, 22 à Lyon, beaucoup de patients également à Marseille et Nice).

Sur les 188 patients adultes, 75% (145 patients) sont traités par enzymothérapie. Et parmi les 43 adultes non traités, certains sont inclus dans les essais COMET NéoGAA. Pour la forme infantile, 10 enfants sont traités par enzymothérapie, et 4 non (probablement parce que trop graves, au-delà des ressources thérapeutiques). Il existe une parité quasi parfaite : 50% F – 50% H pour la forme adulte, 52% filles-48% garçons pour la forme infantile.

French Muscle Biopsy Project (Dr Nadine van der Beek )

Dans une étude menée sur 198 patients du registre, 136 ont bénéficié d’une ou plusieurs biopsies : 1 biopsie pour 125 patients ; 2 pour 10 patients, et 3 biopsies pour 1 patient. Des vacuoles étaient présentes chez 72 patients sur 113 (63,7%), absentes chez 41 patients, et non spécifié pour 12. La phosphatase acide était augmentée chez 53 patients sur 82 (59,6%), et ne l’était pas chez 29 patients. Une accumulation de glycogène a été retrouvée en microscopie électronique chez 25 patients sur les 48 chez qui elle a été recherchée (52%). Elle était absente pour les 23 autres patients, mais cette accumulation peut être sectorielle.

Causes de décès des patients sous enzymothérapie

Parmi les patients du registre français, aucun décès n’est lié à l’enzymothérapie. La cause du décès est une détresse respiratoire (majorité des cas), un cancer œsophage, une hémorragie trachéale, des infections intercurrentes. Les complications vasculaires, rares, n’ont pas entrainé de décès. Cinq patients sont décédés après l’arrêt du traitement de causes respiratoires/ infections intercurrentes. Est-ce que l’espérance de vie augmente avec l’enzymothérapie ? Il est aujourd’hui difficile de répondre à cette question.

Diagnostic réalisés en France au cours des 45 dernières années

Cette étude, en cours de soumission, rassemble 246 patients, 130F, 116M, 209 cas index et 37 cas familiaux. Dans notre laboratoire de génétique, le nombre de cas diagnostiqués a augmenté depuis la mise à disposition de l’enzymothérapie : 170 patients diagnostiqués depuis 2001 versus 76 avant 2001 ; en moyenne une dizaine de nouveaux cas par an.

Sur les 246 patients, 87,4% sont atteints d’une forme adulte de la maladie de Pompe, 11% d’une forme juvénile, 1,6% d’une forme infantile non classique. 16 patients ont eu un diagnostic en période pré-symptomatique (11 cas index, 5 apparentés).

Le premier signe de la maladie est la faiblesse musculaire, plus rarement des problèmes respiratoires associés. L’âge de début est de 34 +/-20 ans

La mutation commune c.32-13T>G concerne 151 patients sur 170 patients, en majorité des adultes (mutation moins fréquente dans les formes infantiles et juvéniles). Un total de 83 mutations différentes ont été retrouvées chez 204 patients : 41 faux sens, 15 frame shift, 14 épissage…

Les corrélations phénotype/ génotype sont limitées : un début plus tardif chez patient c.32-13T>G, un début plus précoce en cas de mutation très sévère associée chez 14 patients sur 23.

Épidémiologie

La forme infantile non classique atteints 17,76/100 000 000/an, soit 1/60 975 nouveau-nés.

CV forcée sous enzymothérapie chez les patients adultes

La CVF connait une décroissance presque constante de 1,13% par an, soit environ la moitié de la décroissance enregistrée dans l’histoire naturelle de la maladie. Le test 6 minutes de marche (6MWT) évolue en deux temps : une 1ère phase de croissance (+ 2.62%/an) et une seconde de décroissance (- 2,5%/an).

MFM sous enzymothérapie chez les patients adultes

L’évolution de la mesure de la force motrice (MFM) est variable selon ses composants (D1, D2, D3).

Mais une grande variabilité

Il existe une grande variabilité de la réponse à l’enzymothérapie, avec souvent une dissociation des réponses respiratoire et motrice, et in fine une baisse à la fois respiratoire et motrice.

L’influence de différents facteurs a été analysée : sexe (impact sur le 6MWT mais pas sur la CVF), la CVF initiale (diminution plus importante chez patients avec FVC > 80 initialement), le 6MWT initial, l’âge de début de la maladie (augmentation plus importante en phase 1 et diminution en phase 2 plus importante si >50 ans), la durée de la maladie, le type de mutation…

En conclusion : le résultat initial au 6MWT est plus discriminant que la CV forcée.

  • Le GIC4, une dextrine limite obtenue après digestion du glycogène, est un biomarqueur de la surcharge en glycogène musculaire, davantage dans la forme infantile que dans la forme adulte de la maladie de Pompe. Il est moins concentré dans le plasma que dans les urines. Ce n’est pas un biomarqueur spécifique : le GlC4 augmente aussi dans la glycogénose de type 3, la dystrophie musculaire de Duchenne, certains cancers…
    Chez l’enfant, le GlC4 urinaire est corrélé avec le contenu en glycogène musculaire et la réponse clinique à l’enzymothérapie, mais les données manquent chez l’adulte.
    La quantification du GlC4 se fait par spectrométrie de masse en tandem. Notre laboratoire réalise ce dosage depuis 2006 (environ 20/mois).
  • D’octobre 2014 à novembre 2017, 683 dosages urinaires ont été réalisés, dont 27 n’ont pas montré d’augmentation de GLC4. Pour les autres, 49 concernaient un patient atteint d’une glycogénose de type 2 avant traitement, 517 d’une glycogénose de type 2 en suivi de traitement, et 90 d’une glycogénose de 3.
    Le GlC4 est un biomarqueur très âge-dépendant. Il est donc important de le rapporter aux valeurs normales de la tranche d’âge. Parmi les 33 enfants atteints d’une forme infantile de la maladie de Pompe, âgés de moins de 1 an et non encore traités, tous ont un dosage du GlC4 supérieur à la normale. Son taux est donc élevé au moment du diagnostic. Dans la forme juvénile de la maladie et sa forme adulte non traitée, lorsque le génotype est connu, le taux de GlC4 est élevé pour les génotypes autres que c.32-13T>G.
    Sous traitement dans la forme infantile, le GlC4 urinaire connaît une diminution initiale, suivie d’une augmentation progressive. Dans la forme juvénile, le taux reste stable pour certains patients, qu’il soit élevé ou non au départ. Dans la forme adulte, la courbe évolutive reste assez plate.

En conclusion

  • Le GlC4 est utile au diagnostic en complément du génotype et de la mesure de l’activité maltase acide, en cas de difficultés à conclure.
  • Le GlC4 peut être normal dans la maladie de Pompe.
  • Quelle valeur pronostique ? Quelle relation GlC4 / sévérité de l’affection ?
  • En suivi du traitement chez l’enfant, il existe une corrélation avec l’amélioration clinique.
  • Il existe une variabilité probable de ce paramètre selon l’âge du diagnostic, le stade d’évolution de la maladie et la sévérité.

II. Prise en charge et observations

Cas cliniques | Dr Anaïs Brassier (pédiatrie maladies métaboliques, hôpital Necker)  

  • Un garçon, d’une famille expatriée à New-York, dépistage néonatal positif à J10, CRIM+, hypertrophie ventriculaire, considéré comme une forme infantile précoce (classique). Enzymothérapie précoce, précédée de méthotrexate. Après 2 perfusions, arrêt de l’enzymothérapie, ce qui n’a pas entrainé d’aggravation. Est-ce une forme infantile atypique ?
  • Reprise de l’enzymothérapie à l’âge de 11 mois. Il a aujourd’hui 28 mois, marche sans aide, court, parle. Son examen clinique est strictement normal, son échographie cardiaque également. Il a des séances de kinésithérapie motrice 2 fois par semaine. Les perfusions de Myozyme® sont très bien tolérées, à la dose de 40 mg/kg/semaine.
  • S’agit-il vraiment d’une forme infantile précoce ? Faut-il réduire la dose ? Peut-on faire le traitement à la maison ?

Observation en néonatalogie | Dr Jean Bergounioux (hôpital Raymond-Poincaré, Garches)

– Une unité de soins de rééducation en post-réanimation (SRPR) de 6 lits a été ouverte à Garches en juin 2015. Des réanimateurs sont présents 24H/24 et 7 jours/7, 1 infirmière pour 4 patients maximum. Au bilan, en 2 ans d’activité, l’unité a reçu 70 patients, lourds (80% de trachéotomie). Leur taux de mortalité est de 11% (0% sans l’oncologie). Dans 77% des cas, sortie du patient (dont à domicile).

– Cas d’un garçon originaire de Guyane, en détresse respiratoire à 6 semaines de vie, avec myocardiopathie hypertrophique, rhabdomyolyse, hypotonie. Le diagnostic de maladie de Pompe a été confirmé par buvard et génétique. CRIM +. Transfert de Guyane à l’hôpital Robert-Debré pour enzymothérapie à 9 semaines de vie, à la dose de 40 mg /kg/semaine. A 11 semaines, transfert en réanimation pour détresse respiratoire, et discussion éthique pluridisciplinaire.

– Décision : tentative de traitement de 3 mois à la dose de 40 mg/kg/semaine, puis réévaluation sur la dépendance ventilatoire. Son évolution à Garches : sevrage ventilatoire à M4 de la prise en charge, alimentation per os, persistance de l’hypertrophie cardiaque (qui a toutefois diminué). De retour en Guyane, il a aujourd’hui 2 ans et va très bien, avec un développement normal pour son âge.

Prise en charge en pédiatrie | Marine Tardieu (CHRU Clocheville, Tours)

La prise en charge des patients en pédiatrie n’est pas tout à fait satisfaisante. Différentes pistes d’amélioration sont explorées.

Augmentation de la dose de Myozyme ®

La dose standard est de 20 mg/kg/14 jours. Augmentation : dose standard multipliée par 2 (20mg/kg/semaine), voire par 4 (40 mg/kg/semaine) au cas par cas, avec avis du Comité d’évaluation du traitement de la maladie de Pompe (CETP).

Une étude en 2015 (Case et al) : enfant CRIM+, dose x2 après dégradation clinique malgré enzymothérapie. Soit augmentation dose, soit réduction de la fréquence.

Une étude en 2016 (Van Gelder, JIMD) : dose multipliée par 4

Une revue Cochrane en 2017 qui n’a finalement retenu qu’une seule étude (PS Kishnani, dose x2) et conclu à l’absence de différence significative.

Bibliographie dans les autres pays : pas de recommandations ; au Royaume-Uni, 33 patients, multiplication par 2 de la dose les 3 premiers mois de façon systématique, puis réduction ; Italie (Parini 2018) : très variable ; Pays-Bas (van der Meijden 2018) : idem.

En conclusion, encore peu de données sont disponibles sur le rapport efficacité/ posologie. Quelle tolérance ? Quel coût ? Que répondre à la demande des familles et des patients quand ils ont « entendu dire qu’un autre enfant a des doses supérieures » ? Recourir au CETP, et recueillir les données.

Un meilleur adressage de l’enzymothérapie

Dans le cadre de l’essai MiniCOMET, deux patients ont déjà été inclus en France dans la cohorte 1.

L’immunomodulation

Elle est systématique pour les enfants CRIM-, et lorsqu’ils développent des anticorps anti-enzymothérapie quand ils sont CRIM+. Peut-on alléger les protocoles ? De « faibles » doses de méthotrexate en préventif, quel que soit le statut CRIM ?

L’atteinte du système nerveux

Oui, mais nous n’en savons pas encore grand-chose, et notamment sur son impact clinique.

Le dépistage néonatal ?

Pour traiter le plus tôt possible. Une étude pilote menée à Taïwan atteste d’un meilleur pronostic si le diagnostic, et donc le traitement, sont précoces. Mais le dépistage néonatal conduit aussi à diagnostiquer des formes tardives, symptomatiques uniquement à l’âge adulte

Diagnostic néonatal en Guyane française | Samia Pichard (Hôpital Robert-Debré, Paris)

– Incidence de la maladie en Guyane : 1/4 255 naissances (étude rétrospective) ; à Saint-Laurent-du-Maroni : 1/1 604. Beaucoup plus importante qu’ailleurs, et probablement sous-estimée en raison de l’éloignement des soins pour une grande partie de la population. Pas de forme juvénile identifiée pour l’instant.

– Mise en place d’un dépistage néonatal dans 2 maternités (Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni) sur la base du volontariat (non obligatoire). Le test de Guthrie était envoyé à l’hôpital Robert-Debré. En cas de positivité, transfert de l’enfant à Robert-Debré pour initiation éventuelle de l’enzymothérapie, puis retour en Guyane. Entre avril 2014 à août 2015, 3 415 nouveau-nés dépistés (compliance d’environ 50%)… aucun positif. Alors que 4 patients ont été diagnostiqués entre 2012 et 2014, et 3 depuis décembre 2015. Le dépistage a été arrêté, par manque de financement.

Principe du suivi de la fonction motrice chez l’enfant | Dr Christophe Boulay (hôpital La Timone, Marseille)

À partir de 2 cas cliniques.

Cas clinique n°1

Fille, apparition d’une hypotonie à 8 mois. La clinique et l’ENMG orientent vers une SMA. Diagnostic de maladie de Pompe, forme juvénile très précoce ou forme infantile tardive. L’enzymothérapie est débutée à 18 mois. L’enfant marche (démarche dandinante) à 23 mois. Langage à peu près correct

Six ans et demi après le début de l’enzymothérapie, persistance des anomalies de la corne antérieure qui existaient avant. Marche : pieds en dedans, hyperlordose, équin valgus, majoration de la flexion des hanches et des genoux en marchant pour compenser les pieds tombants. Test réalisé : analyse quantifiée de la marche (AQM).

Évolution : perte complète de la marche à 9 ans, VNI à 12 ans, fauteuil roulant électrique à 13 ans, déformation surtout du tronc ; arrêt de l’ERT à 14,5 ans. Tests réalisés : mesure fonction motrice (MFM) 6 mois après l’arrêt de l’ERT (dégradation des composantes MFM, mais pas d’accélération du déficit), ENMG (compatible avec une atteinte de la corne antérieure), dynamométrie pouce et index, et MUNIX (motor unit number index).

Le MUNIX est un marqueur précoce de l’évolutivité et non un critère diagnostique. Il repose sur une approche statistique (et électromyographique) : le nombre d’unités motrices fonctionnelles dans un muscle donné. Intérêt de son suivi au cours du temps ;

Cas clinique n°2

Garçon né après une grossesse normale, ERT à J28. A 6 ans : l’AQM montre des pieds tombants et une hyperextension des genoux. A 10 ans : chutes, ne peut pas se relever seul, macroglossie, difficultés d’élocution. L’AQM montre une majoration des pieds tombants et une obliquité pelvienne. La MFM révèle une détérioration de tous les items, entre 10 et 13 ans. Dynamomètre. MUNIX.

Les outils fiables en pédiatrie

L’évolutivité, l’examen clinique, la MFM, les vidéos de la marche, l’AQM, le MUNIX (biomarqueur d’évolutivité). À l’avenir : des capteurs d’activité en vie réelle ?

Association Francophone des Glycogénoses (AFG) | Anne Hugon

La nouvelle présidente de l’AFG est Caroline Gimbert. Au sein de l’AFG, Valérie Vonitiana Razanadrakoto est désormais la référente maladie de Pompe. L’AFG a été créée en 1992. Les jeunes malades sont devenus adultes. Le conseil scientifique de l’AFG aura lieu le 28/09/18, le week-end des familles les 27 et 28/10/2018 à Lyon. L’association a décidé de faire traduire « 101 tips for an easier life with Pompe disease » (financement Sanofi Genzyme).

Vaincre les Maladies Lysosomales (VLM) | Delphine Genevaz

Créée en 1990 par un groupe de parents ; 50 maladies lysosomales, dont certaines ultra rares (<10 au niveau national), qui présentent des similitudes. Objectif : vivre le mieux possible au quotidien, dans l’attente des solutions. Dans les missions de VLM, le financement de la recherche, avec un premier appel d’offres dès 1992.

Le service de neurologie du CHU d’Annaba comporte une consultation de myologie. Trois de ses neurologues ont déjà participé à l’école d’été de l’Institut de myologie. Pour la maladie de Pompe, c’est Sanofi Genzyme qui assure le dosage enzymatique et l’étude génétique. Un grand problème de la consultation : le diagnostic génétique des myopathies.

Depuis 2012, dépistage systématique de la maladie de Pompe pour toutes les myopathies des ceintures indéterminées, les hyperCKémies. 38 cas de LOPD diagnostiquées à ce jour sur le territoire national, dont 3 à Sétif de janvier 2018 à ce jour. Augmentation du nombre de diagnostic depuis plusieurs évènements de sensibilisation, dont l’organisation de tables rondes.

L’expérience du service

  • 1er cas : un homme né en 1967, non retenu pour service militaire, âge début entre 30 et 31 ans, il présente une intolérance à l’effort, une démarche dandinante, une hyperlordose, une légère hypertrophie des mollets et une macroglossie.
    Atteinte myogène à l’ENMG, augmentation modérée des CPK. Diminution de la maltase acide, confirmée par un 2e prélèvement. Etude gène GAA : diagnostic de maladie de Pompe, avec 2 mutations dont une fréquente.
    Sous traitement par Myozyme® (20 mg/kg/2 semaines), amélioration du testing musculaire (+ 1point), amélioration importante de la marche, de la distance parcourue et de la qualité de vie, et baisse des CPK. A sa 35e cure, interruption du traitement (rupture de produit), avec apparition d’une amyotrophie des quadriceps et d’une dyspnée.
  • 2e cas : un garçon né en 2012, marche sur la pointe des pieds, chutes fréquentes, hypertrophie des mollets. Diminution de la GAA ; l’étude génétique montre 1 seule mutation du gène GAA, donc pas d’indication à un traitement. Myopathie associée autre ?
  • 3e cas : un garçon né en 2007, difficultés à monter les escaliers, déficit des ceintures, amyotrophie, chutes fréquentes, difficultés à se relever. Pas de mutation gène GAA retrouvée, malgré une GAA effondrée (pseudo-déficit ?).

Actuellement, il existe peu de données dans la littérature sur les patients ayant interrompu leur traitement. Une étude est menée à partir du registre français de la maladie de Pompe.

Sur le 188 patients adultes du registre : 30 arrêts de traitement par Myozyme®, dont 4 sont rentrés dans l’essai thérapeutique du NéoGAA. Âge moyen : 47,8 ans (25-73 ans). Durée de l’ERT au moment de l’arrêt : de 1 à 84 mois (en moyenne 29 mois).

Causes d’arrêt

Deux grands groupes

  • réactions à la perfusion (RAP) : 15 patients, davantage de femmes, arrêt en moyenne après 20,4 mois d’ERT ;
  • arrêts volontaires : davantage d’hommes, durée moyenne ERT de 40,9 mois. Décisions du patient : 8. Absence d’effet : 1. Insuffisance respiratoire aiguë : 1. Cause inconnue : 1.

L’évolution après l’arrêt

  • Sur 26 patients (soit les 30 patients – 4 de l’essai NéoGAA), 8 sont décédés, soit un taux de mortalité très important. Parmi les 8 patients décédés, 5 patients avaient choisi d’arrêter le traitement ou absence d’efficacité. Causes de décès : insuffisance respiratoire aiguë (2), pneumopathie d’inhalation (2), cancer du pancréas (1), syndrome douloureux abdominal, mort subite (2). Âge moyen décès : 64 ans. Trois décès dans le groupe RAP, versus 5 décès dans le groupe arrêt volontaire.
  • Test de 6 minutes de marche (6MWT) : détérioration à compter de l’arrêt de l’ERT.
  • CV forcée : évolution moins claire que le 6MWT.
  • Recours aux aides techniques, à la ventilation : globalement augmentation du recours à la VNI, fauteuil roulant, aide à la marche.
  • 7 patients ont repris l’ERT dans un délai moyen de 23 mois
  • Réintroduire le traitement chez les adultes 
  • Solution d’ERT en Y avec du sérum salé, et goutte à goutte en augmentant progressivement le débit.
  • Il n’existe pas de consensus ni de recommandation aujourd’hui sur la réintroduction de l’ERT chez l’adulte. L’expérience suisse : arrêt en 2010 du remboursement du Myozyme® pour tous les patients LOPD, puis en 2011 recommandations nationales et reprise du remboursement ; évolution après arrêt a fait l’objet d’un article en 2014 (Hundsberger et al). Une expérience dans la maladie de Fabry (un centre à Amsterdam)-
  • Mise en place d’un groupe de travail (le GRAPE) sur les modalités de réintroduction de l’ERT chez l’adulte

En conclusion

  • Des difficultés d’interprétation de l’effet de l’arrêt ERT.
  • La nécessité de mieux définir les critères d’arrêt.

Le protocole

Il s’agit d’un essai de phase 3 international, multicentrique, contrôlé en double aveugle, du NéoGAA versus algulcosidase alfa. Inclusion : les patients atteints d’une forme tardive, enfants de plus de 3 ans comme adultes, naïfs de traitement. 48 patients dans chaque bras. Deux phases : 12 mois en aveugle, 24 mois supplémentaires en ouvert avec tous les patients sous NéoGAA. Dose : 20 mg/kg/2 semaines. 25 doses dans la phase 1, 48 doses dans la 2e phase. Critère principal : effet du NéoGAA sur la CV forcée en position assise, en comparaison du traitement par alglucosidase alfa. Objectif de l’essai : déterminer la tolérance et l’efficacité du NéoGAA (biologie, examens physiques, ECG, immunologie…).

La période de sélection de 18 jours, peut s’étendre à 8 semaines.

La période de traitement est de 2 x 49 semaines = 145 semaines.

Critères d’inclusion : diagnostic confirmé par déficit enzymatique (2 prélèvements différents) et/ou 2 mutations pathogènes, et consentement éclairé. Exclusion : hypertrophie cardiaque liée à la maladie, âge < 3ans, fauteuil roulant, incapacité de marcher sur 40 mètres, besoin de VNI.

Point à date

79 sites ouverts aux USA, en Europe et en Asie. En France, 8 centres (dont Lille, Paris, Angers, Lyon, Clermont-Ferrand), auquel va s’ajouter Brest en cours d’ouverture. 43 patients inclus à mi-mars 2018, dont 8 en France et 4 aux USA ; 16 patients ont complété la période en double aveugle (dont 4 en France). Objectif : 96 patients inclus d’ici fin décembre 2018.

La France est un pays investigateur majeur de cette étude, qui a débuté en France comme ailleurs fin 2016.

Sur Clinicaltrials.gov, 33 essais cliniques en cours de recrutement ou à venir.

Les protocoles d’interventions thérapeutiques

1) Response to diaphragmatic pacing subjects with Pompe disease (NCT02354651) : réponse à la stimulation diaphragmatique chez les sujets atteints de la maladie de Pompe ; un « pacemaker » diaphragmatique, en Floride, 12 participants.

2) Re-administration of intramuscular AAV9 in patients with late onset Pompe disease (NCT02240407) : réadministration de l’AAV9 intramusculaire chez les patients atteints de la maladie de Pompe à début tardif ; un essai qui débute en Floride, 9 participants.

3) VAL-1221 delivered intravenously in ambulatory and ventilator-free patients with late-onset Pompe disease (NCT02898753) : VAL-1221 délivré par voie intraveineuse à des patients atteints de la maladie de Pompe à début tardif, marchant et sans assistance respiratoire ; une nouvelle enzymothérapie, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, 12 participants.

4) A pilot study of Zavesca® in patients with Pompe disease and infusion associated reaction (NCT02185651) : une étude pilote de Zavesca® sur la réaction associée à la perfusion chez des patients atteints de la maladie de Pompe ; immunomodulation par Zavesca®, à Taiwan, 6 participants.

5) Study to compare the efficacy and safety of enzyme replacement therapies neoGAA and alglucosidase alfa administered every other week in patients with late-onset Pompe disease who have not been previously treated for Pompe disease (COMET) (NCT02782741): étude visant à comparer l’efficacité et l’innocuité des thérapies de substitution enzymatique NéoGAA et alglucosidase alfa administrées toutes les deux semaines chez les patients atteints de la maladie de Pompe à début tardif qui n’ont jamais été traités pour la maladie de Pompe ; international (dont en France) multicentrique, 96 participants en cours de recrutement.

6) Study to assess safety and efficacy of NeoGAA administered every other week in pediatric patients with infantile-onset Pompe disease previously treated with alglucosidase alfa (Mini-COMET) : étude visant à évaluer l’innocuité et l’efficacité de NéoGAA administré toutes les deux semaines chez des enfants atteints de la maladie de Pompe forme infantile ayant déjà été traités par l’alglucosidase alfa ; international (dont en France) multicentrique, 20 participants jusqu’à 17 ans, vient de débuter.

7) Respiratory muscle training in late-onset Pompe disease (LOPD) (NCT02801539) : entraînement des muscles respiratoires dans la maladie de Pompe à début tardif ; équipe de Priya Kishnani, aux Etats-Unis, 28 participants.

8) Pompe gene therapy screening for eligibility (NCT03285126) : dépistage pour l’admissibilité à la thérapie génique de la maladie de Pompe ; aux Etats-Unis, 20 participants, préfigure un essai de thérapie génique.

9) Diet and exercise in Pompe (NCT02363153) : régime alimentaire et exercice dans la maladie de Pompe ; aux Etats-Unis, 26 participants.

10) Lingual muscle training in late-onset Pompe disease (NCT03255213) : entraînement des muscles linguaux dans la maladie de Pompe à début tardif ; équipe de Priya Kishnani, aux Etats-Unis, 5 participants.

11) Fat and sugar metabolism during exercise in patients with metabolic myopathy (NCT02635269) : métabolisme des graisses et du sucre pendant l’exercice chez les patients atteints de myopathie métabolique (dont la maladie de Pompe) ; au Danemark, 128 participants.

  • Deux groupes d’essais : nouvelles enzymothérapies, et thérapie génique.
  • Valérion
    • VAL-1205 : une nouvelle enzymothérapie ; enzyme recombinante + anticorps qui permet à l’enzyme de rentrer dans les cellules via les récepteurs ENT-2 + captation (de l’enzyme recombinante) par les récepteurs du mannose 6 phosphate. Rentre dans le cytoplasme des cellules, pas uniquement dans le lysosome.
    • Beaucoup de récepteurs ENT-2 dans les muscles chez l’homme.
    • VAL 1221 : une protéine dite « de fusion ».
    • Chez la souris KO : une clairance du glycogène lysosomal équivalente à celle obtenue avec le Myozyme®, amélioration de la biodistribution.
    • Essai : escalade de doses, 3 groupes de patients, 2 ont déjà été enrôlés, attente des résultats de la 3e, durée de 12 mois
  • Amicus
    • Enzyme combinée à une molécule chaperonne
      2 produits, dont ATB200 : 3 cohortes, phase ½, first in human, 16 sites, 5 pays, en cours.
      20 patients, dont certains non marchant, phase 1, résultats déjà communiqués. Des paramètres respiratoires et musculaires s’améliorent, la fatigue s’améliore chez tous les patients.
    • POM-003 : Un nouveau projet qui va démarrer, non interventionnel, inclura des patients qui pourront ensuite recevoir le traitement, étude prospective de 9 mois, patient de 18 à 75 ans déjà sous ERT depuis au moins 2 ans. Cible d’inclure 125 patients, sur 50 sites, visite tous les 3 mois, puis ils enchaîneront sur un protocole thérapeutique.
  • Approche développée depuis 3 ans, de splice switching (modulation de l’épissage). Déjà utilisée dans notre laboratoire pour la dystrophie musculaire de Duchenne.
  • Gène GAA : 2000 nucléotides, 20 exons, codon ATG situé dans exon 2. La forme adulte de la maladie : a la particularité d’être une mutation de splice (c.-32-13T>G). ARN messagers : moins de 10%, reconnu quand même par le soi.
  • Preuve de principe ex vivo (sur culture de myoblastes), avec un antisens produit par un lentivirus. Puis passage au tricycloDNA avec des cellules de patients : restauration de la synthèse protéine.
  • Chez la souris wild type: après 2 doses, retrouvée dans les muscles squelettiques, le cœur, le cerveau, le foie, les reins. Rémanence observée : 45 jours (à ce terme, 50% est éliminé, 50% est retrouvé dans les tissus). Réversibilité au bout de 3 mois.
  • 2 types d’administration : sous cutané, ou IV qui a été choisie.
  • Tricyclo (sulfite) : se fixe à beaucoup de protéines ; certains oligo sont toxiques, d’autres non.

Étude préTox en laboratoire :

  • évaluation complément et voies de la coagulation : ne sont pas altérés ou activés par TcDNA Pompe
  • effets chroniques ? Pas de changement significatif dans le niveau total de protéines et d’albumine.  Rein : après traitement, deux biomarqueurs de toxicité tubulaire ont légèrement augmenté, en revanche aucune altération à l’histologie chez la souris. Foie : aucune altération pathologique.
  • problème : le laboratoire dispose de peu de cellules de patients.
  • tricyclo permet d’inclure l’exon 2 dans ARMm GAA.

Pour aller vers un essai clinique, certains points restent à régler.

Comment quantifier la restauration de l’enzyme ?

  • Quantification (Western Blot) sur biopsie de muscle, peau, foie ; expression de la GAA dans le muscle +++ versus expression GAA dans la peau.
  • Déterminer la sensibilité (discrimination sain / malade, reproductibilité).
  • Mise en évidence de l’effet thérapeutique.
  • Valider l’efficacité thérapeutique des TcDNA sur des cellules de patients (fibroblaste, myoblastes…)

Faut- il prévoir une étude de pré- inclusion ?

Développer les critères d’évaluation clinique les plus pertinents : fonction motrice, composition corporelle en termes de masse maigre et grasse, intégrité du muscle strié par IRM corps entier, fonction cardiaque, qualité de vie. Pour ce faire, l’étude « suivi de l’évolution clinique et moléculaire dans la maladie de Pompe » va être lancée, monocentrique (Garches), durée de 2 ans, visites biannuelles, inclusion cible de 20 patients (adultes, avec la mutation dominante, marche >50m, non trachéotomisé), lancement prévu en décembre 2018, 850 k€ de financement

  • L’ERT a ses limites, notamment sa forte immunogénicité, son coût et sa biodistribution limitée (une grande partie de l’enzyme passe dans le foie).
  • Notre laboratoire développe une approche de thérapie génique. Deux méthodes de thérapie génique : in vivo, ou ex vivo (cellules hématopoïétiques + lentivirus codant GAA, puis réinjection). Notre choix : in vivo, avec un vecteur AAV.
  • Dans la maladie de Pompe, une première approche de thérapie génique a été testée dès 2002.
    Le problème du muscle : les doses très importantes nécessaires -> approche hépatique : utiliser le foie pour produire la GAA (cross correction), ce qui induit une réponse tolérogénique, avec une correction démontrée chez la souris, mais encore une fois à de très fortes doses.
  • Avec l’ERT, il se produit un pic d’activité GAA, puis une diminution. Avec la thérapie génique chez la souris, le niveau de GAA dans le sang est très bas, mais déjà comparable à l’ERT. Nous avons modifié la structure de la GAA, notamment pour avoir une meilleure sécrétion (normalement : 10% de sécrété et 90% dans la cellule). Elle a effectivement augmenté, et ce qui n’était pas attendu : la GAA secrétable (SecGAA) fait preuve d’un profil d’immunogénicité plus bas ; réduit la réponse immunitaire. Résultat chez la souris : notre GAA ingénérisée (engineered GAA) entraine une réduction de l’accumulation de glycogène dans la moelle épinière, et dans le cerveau (- 50%).
  • Chez les primates wild type (ont de la GAA) : après 1 dose d’AAV, la GAA augmente dans le sang, est surexprimée dans différents organes, et diminution du glycogène dans le cœur. Nous avons utilisé différents sérotypes d’AAV pour améliorer le ciblage hépatique.
  • Perspectives : développement clinique en cours à travers une collaboration avec SPARK therapeutics.
  • Conclusion : la GAA ingénérisée est secrétée par les hépatocytes à des niveaux plus hauts que la protéine native et fait preuve d’un profil d’immunogénicité plus bas.

Sylvie Marion | AFM